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Un mineur écroué à Gap. (1880)

Bellafaire

Parfois on a dans son arbre généalogique des personnages que l’on ne peut pas suivre. On a la preuve que quelqu’un est né et puis on ne trouve plus rien. Quand cette personne a un nom un peu hors du commun cela permet de trouver des informations inattendues.

C’est le cas de Pierre Célestin Espic né à Crupies[1] le 23-10-1841.  Dès le début de nos recherches nous avons un problème de nom parce que dans les listes de CGDP il est appelé: Pierre Etienne Espire. Ses parents sont Jean Pierre Espic[2] et Felicité Peloux[3]. La famille habite dans le quartier du Moulin où Jean Pierre est cordonnier. Il est d’origine de Rousset, la mère de Pierre Célestin est née à Crupies et elle est une des deux enfants naturelles de Françoise Pelloux. Les parents de cette Françoise sont Jean Louis Pelloux et Marguerite Louise Armand.

Au sujet de la jeunesse  de Pierre Célestin nous ne savons rien. Nous n’avons pas pu trouver son nom sur la liste des enfants qui allaient à l’école. Mais en 1872 il habite à Comps où, dans le recensement de cette année là, on apprend qu’il est domestique de Marie Bosméan, veuve Bouchet qui habite dans le Quartier du Rossignol.

Son père Jean Pierre s’éteint[4] le 28 juillet 1860 à Bourdeaux et sa mère est mourra[5] aussi à Bourdeaux le 6 août 1870. Elle habitait dans le Quartier de la Viale dans la maison de Pierre Peloux[6] un cousin éloigné et la famille de celui-ci. Dans aucun de ces actes de décès on trouve le nom de Pierre Célestin. Il faut aussi remarquer que dans l’acte de décès de sa mère Félicité on déclare qu’elle est la fille naturelle de Marie Pelloux ce qui n’est pas correct. Sa mère s’appelait (comme on l’a déjà constaté) Françoise. Marie est le nom de la sœur de Félicité.

Un jour nous avons eu la chance de recevoir d’une dame qui nous a contacté, un lien qui nous a mené à la Maison d’Arrêt de Gap, Registre d’Écrous (commencé le 3 octobre 1887 fini le 19 août 1894)[7]. Quand on clique sur ce lien, arrive la page que la dame voulait nous montrer. Bien sûr, on peut naviguer vers les pages précédentes et les pages qui suivent mais on reste dans le même registre. Après quelques jours nous avons trouvé une façon de changer de registre et maintenant on peut les feuilleter systématiquement et chercher des personnes venant de la Drôme. C’est en le faisant que nous avons trouvé le dossier de Pierre Espic que voici :

Quelques remarques concernant ce dossier :

Il y a une erreur dans le prénom de la mère de Pierre Espic. Ici on l’appelle Angelique Pelloux.

La façon d’écrire le nom de son lieu de naissance n’est pas tout à fait correct. Il demeure à La Vallette hameau de la Faurie dans les Hautes Alpes. La façon de l’écrire dans le dossier est ambigüe. Il faut le lire ainsi : La commune est La Faurie et la Vallette est lehameau.

Il est entré en prison le 26 novembre 1880

Dans le mandat de dépôt nous lisons pourquoi il se trouve en prison. Il est « inculpé de fabrication illicite de poudre ». Probablement il s’agit ici de poudre noire. (La poudre noire, parfois dénommée poudre à canon ou poudre à fusil, est le plus ancien explosif chimique connu. De couleur noire, elle est constituée d’un mélange déflagrant de soufre, de nitrate de potassium (salpêtre) et de charbon de bois. (Wikipedia) La recette se trouve sur internet, mais attention, nous vous prévenons la fabrication en est, comme du temps de Pierre Célestin, prohibé.

Dans le jugement du Tribunal correctionnel de Gap nous lisons qu’il « a été condamné à la peine de six jours d’Emprisonnement et 300 f damende »  

Après avoir trouvé ce dossier sur Pierre Espic, nous étions curieux de savoir ce qu’il était devenu après son séjour à la prison de Gap. Sur internet on a trouvé qu’un certain Pierre Celestin Espie et Nathalie Rolland s’étaient mariés dans le village de Bellaffaire (Alpes de Haute Provence) le 07-05-1889. En cherchant dans l’état civil de ce village nous avons remarqué que les mariages de cette année là n’étaient pas en ligne. Ensuite nous avons consulté les Tables décennales de ce village de 1883-1892 (page 5/9) et en effet on y trouve ce mariage. Mais est-ce que ce Pierre Célestin Espie est vraiment la personne recherchée. Une dernière tentative : Les recensements !!

Le recensement de 1896 ne nous éclaircit pas vraiment mais dans le recensement de 1906 nous trouvons la certitude dont nous avions besoin: À la page 7 se trouve une liste avec les noms de la famille Espic et leurs lieus de naissance. Célestin Espie est né en 1841 à Crupies. En 1906 le couple a quatre enfants et ils habitent dans le « Hameau la Freyssiere ».

Pierre Célestin Espic était, comme on l’a lu, mineur et habitait au moment où il a été condamné à La Faurie, hameau la Vallette. Est-ce que le fait qu’il a produit lui-même de la poudre est en lien avec son métier ? Nous avons demandé à la Mairie de la Faurie, s’il y avait eu des mines dans cette commune et on nous a répondu que ce n’était pas le cas. Mais dans le département des Hautes Alpes il y en avait beaucoup.

Mais peut- être que notre interprétation du mot « mineur » n’est pas correcte. Parce que mis à part la signification de « mineur de fond » il y avait aussi des gens qui excercaient le métier de mineur c’est-à-dire qui aidaient à la construction des routes en faisant sauter des rochers. Dans les années 1880 on construisait beaucoup de routes dans toute la France. Mais cette interprétation n’est pas certaine du tout non plus.

Bellafaire début 20e siècle

 


[1] Etat Civil de Crupies (1841-1899) page 5

Etat Civil de Crupies (1833-1842) page 125

[2] Etat Civil de Rousset (1793- An XI)  page 118

[3] Etat Civil de Crupies (An II- An X) page 123

[4] Etat Civil de Bourdeaux (1849-1874) page 335

[5] Etat Civil de Bourdeaux (1849-1874) page 608

[6] Recensement de Bourdeaux de 1866 page 16/32

[7] https://nl.geneanet.org/archives/registres/view/?idcollection=151743&page=86

Un prêtre martyr ressuscite.

Dans le cadre d’une histoire que nous sommes en train d’écrire à propos de Jean André Baud et Jacques Barbeyer Lamorte, tous deux victimes de la répression qui suivit une émeute le 14 juillet 1793 à Dieulefit, appelé quelques temps plus tard Montjabron, émeute à la suite de laquelle ils furent déclarés coupables, Baud à être guillotiné et Barbeyer à l’exil, nous avons été confronté au curé de cette paroisse Simon André Vernet dit Lafabrège.
Il fut également arrêté, non parce qu’il aurait participé à l’émeute mais parce qu’il avait prêté serment en y ajoutant des réserves et des objections.

Serments de fidélité
À Paris, le 26 novembre 1790, Voidel, un député, mis en garde ses confrères qu’une ligue était en train de se former contre la Constitution Civile. Il voulut qu’un serment soit imposé au clergé. Le décret fut adopté et le roi le signa le 26 décembre 1790.
Le serment était le suivant :
« Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse (ou du diocèse) qui m’est confiée, d’être fidèle à la nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roi. »
Le 7 janvier, on commença à prêter serment, dans les provinces. Presque tous les évêques à l’exception de 4 et la moitié des prêtres refusèrent de prêter ce serment, pourtant, ces prêtres réfractaires risquaient l’exil, l’emprisonnement ou la guillotine.

Comme la loi le prescrivait, le 20 février 1791, Vernet dit Lafabrège, Curé de Dieulefit, prêta serment à la constitution civile pendant la messe. Pendant cette cérémonie, il utilisa la formule usitée mais il y ajouta quelques commentaires et restrictions qui rendirent son serment nul.
Voici ce qu’avait ajouté le curé de Dieulefit et qu’il retranscrivit lui-même en mai dans une lettre envoyée au directoire du district de Montélimard :

déclaration Vernet Lafabrege

déclaration Vernet Lafabrege

Cependant en reconnoissant l’obligation etroite que nous avons de nous soumetre au gouvernement dans l’ordre civil et politique et de rendre a Caesar ce qui appartient a Caesar, nous ne pouvons nous dispenser, et vous nous permetrez, messieurs, de rendre premierement a Dieu ce qui est a Dieu. En consequence nous declarons que nous nous sousmettons a Sa loy dans tout ce qu’elle ordonne et que nous desaprouvons tout ce quelle defend.

Le dépouillement des archives permettent de retrouver jusqu’à trois, en effet, trois autres déclarations de Vernet Lafabrège dans lesquelles il prête le serment à sa manière pensant peut-être que sa première version n’était pas suffisamment claire. L’histoire qui suit montre en tout cas que, malgré tous ses efforts, quelques-uns de ses paroissiens jugea son attitude équivoque ou pour le moins ambigüe et ne sut qu’en penser.

sermon des curés

Il fut arrêté à Villeneuve de Berg et certains disent qu’il fut condamné à mort comme réfractaire le 24 ventôse an II par le tribunal criminel du département de la Drôme.

Noël Pinot prêtre et martyr

Exécution d’un prêtre réfractaire

Mais cher lecteur, il est toujours utile de se demander si ce qui est écrit reflète bien toute la vérité.
Pour le savoir il faut quelquefois creuser et chercher. Vous trouverez alors la prose révélatrice suivante :

petits bollandistes 2
Ce texte provient d’un ouvrage portant le nom : « Les petits Bollandistes ». Et voici, pour bien vous faire sentir la teneur et l’importance de ce document de 1872, le titre complet : vies des saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des martyrs, des pères, des auteurs sacrés et ecclésiastiques …, notices sur les congrégations et les ordres religieux, histoire des reliques, des pèlerinages, des dévotions populaires… (15e tome, rédigé d’après le Père Giry). On y apprend donc que le pauvre Simon André Vernet de la Fabrège, Curé d’une paroisse du diocèse de Vabres, probablement de Montjaux (…) a été condamné à mort à Valence car il était un prêtre réfractaire…
Dans un autre document intitulé « Les Martyrs de la foi pendant la Révolution française ou martyrologie des Pontifes, prêtres, religieux, religieuses laïcs de l’un et l’autre sexe qui périrent alors pour la foi » de 1821 par M. L’Abbé Aimé Guillon (docteur en théologie depuis 1780, prédicateur jusqu’à la fin de 1790, etc.), on lit :

Vernet Martyrs de la foi

Ici également ce pauvre Vernet fut condamné à mort. On apprend même qu’il fut guillotiné le lendemain. Pourtant, je vous le disais déjà, il est toujours utile de se demander : « Est-ce que ce qui est écrit reflète bien toute la vérité ? »
Examinons de plus près le verdict de Valence du 24 ventôse de l’an II (14 mars 1794). Je vous fais grâce de l’accompagnement habituel des articles de loi et des décrets pour en arriver immédiatement au cœur de l’affaire, tout d’abord les renseignements donnés sur l’identité.
Ils sont très clairs. Il est écrit : « Simon André Vernet dit Lafabrège est habitant de Villeneuve de Berg ci devant curé de Montjabron ci devant Dieulefit, âgé de cinquante quatre ans (…) ».
Aucune référence à Montjaux dans l’Aveyron, L’Abbé Aimé Guillon rechercha désespérément le fameux Montjabron et ne trouva que Montjaux, seules les six premières lettres étaient identiques.
Le verdict fut le suivant :
« Ordonne (…) que le dit Vernet sera traduit dans la maison (…) situé en cette commune qui est destiné à la réclusion des Eclésiastiques réfractaires. »
« Déclare que le Bail dudit Vernet sera acquis et confisqué au profit de la République (…)»

Comment est-ce possible ? Les deux documents de sources catholiques à l’apparence si sérieuse affirmaient que Vernet fut condamné et l’un d’eux même disait qu’il fut guillotiné dans les 24 heures.
Ces deux ouvrages prendraient-ils quelques libertés avec les faits historiques pour étoffer leur martyrologie ? Cela laisse rêveur quant au reste du contenu de ce genre de documents.
Simon André Vernet dit Lafabrège n’a pas été condamné à mort comme le fut le pauvre et naïf (Jean) André Baud.
Vernet fut enfermé, très certainement dans la maison d’arrêt de Sainte-Marie, à Valence jusqu’à ce que la paix soit revenue. Cette maison servait de prison aux nombreux religieux réfractaires.
Il ne fait pas de doute, rétorquerez-vous, que bien des prêtres furent décapités dans ces heures sombres. Vous auriez tout à fait raison si ce n’est que la Drôme fut assez clémente dans ce domaine.
Mais vous devez être impatient d’apprendre de quelle manière Vernet Lafabrège termina sa vie. Cela ne pouvait être qu’une fin heureuse puisqu’il fut quasiment sanctifié après sa « mort », vous venez de le constater dans les documents ci-dessus. Cet hommage posthume ne lui fut certainement d’aucune aide lorsqu’il mourut dans son lit à Villeneuve de Berg le 13 avril 1811 à « 3 heures du soir ».

Acte de Déces Vernet

Acte de décès de l’ecclésiastique Vernet

Un acte d’exhumation et d’autopsie

Quand on a vu le film “L’homme au crane rasé” d’ André Delvaux, on sait comment se passe une exhumation et l’autopsie qui suit. Un estomac solide est indispensable! Qu’est-ce que cela à faire avec la généalogie vous demanderez-vous. Une bonne question mais dans l’ État Civil on trouve parfois des actes curieux…
Les actes ici dessous se trouvent parmi ceux de Vesc.
Etat Civil de Vesc Décès (1839-1889) page 82
No 3
Acte de décès d’un inconnu

Acte décès d'un inconnu 1
Acte décès d'un inconnu 2
L’an mil huit cent quarante sept et le huit février a cinq heures du soir, par devant nous Vincent Chastan maire, officier de l’état civil de la commune de Vesc, canton de Dieulefit, departement de la Drôme, ont comparu en la Marie, Granjon Jean Antoine cultivateur, domicilié à Vesc, âgé de quarante- deux ans et Claude Morin, gardechampêtre âgé de cinquante-cinq ans, aussi domicilié à Vesc, lesquels nous ont déclaré que le jour d’hier à six heures du soir, ils ont trouvé un inconnu, paraissant mandiant, âgé d’environ trente cinq ans, mort dans une cabanne appartenant audit Granjon. Nous officier de l’état civil après nous être transporté sur les lieus et avoir requis Monsieur le Juge de Paix, qui a dressé son procès verbal, assisté de qui de droit, nous avons dressé le présent acte en présence des déclarants, qui ont signé avec nous, après lecture faite.
signatures de Ant, Peysson, Claude Rousset, Morin. Granjon, Chastan (maire)
Dans la marge:
Reconnu pour être Mr Antoine Augier par les sieurs Antoine Peysson et Clde Rousset et autres témoins désigné au procès verbal inscrit plus bas.

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No 5 Procès verbal d’exhumation d’Antoine Augier.
Etat Civil de Vesc Décès (1839-1889) page 82

exhumation 1
Acte décès d'un inconnu 2

L’an mil huit cent quarante sept le vingt-cinq février, à deux heures après midi, nous Vincent Chastan, Maire, officier de l’état-civil de la commune de Vesc, avons fait procéder à l’exhumation d’un inconnu inhumé le huit fevrier courant, dans le cimetière de la commune de Vesc. Cette exhumation a été requise par Jean et Victor Augier, cultivateurs domiciliés à Truinas, canton de Bourdeaux (Drôme) et Jean Louis Augier, cultivateur et domicilié à Dieulefit se disant les frères de l’inhumé. Les sieurs Rousset Claude, cultivateur, âgé de trente trois ans. voisin du décédé, Peysson Antoine aussi cultivateur, âgé de soixante ans tous les deux domiciliés à Truinas, Courbin Paul, cultivateur, domicilié à Félines, demeurant aussi près du décédé, Geneves(?) Simon, sans profession, domicilié à Dieulefit âgé de soixante huit ans, Magnet Antoine, maçon âgé de quarante sept ans, domicilié à Dieulefit, ont tous reconnu après l’exhumation faite dudit inconnu, pour nous lors de son inhumation pour être le nommé Antoine Augier, mandiant âgé de trente quatre ans, domicilié à Truinas, frère des requérants et ont signé avec nous Rousset, Courbin, Peysson, Magnet, non l’autre témoin et le requirant, pour ne le savoir, après lecture fait du présent procès verbal et de l’acte de décès.
Signatures de : Claude Rousset, Paul Courbi, Ant. Peysson, Magnet Antoin et Chastan (Maire)

Quelques remarques:

1. Le 7 février 1847 à 18.00 heures Jean Antoine Granjon trouve un corps dans sa cabane. Nous ignorons où se situe exactement cette cabane. Mais nous savons de manière presque sûre qui était ce Jean Antoine Granjon. Il s’agit de l’époux de Rosalie Gras. Le couple a été marié en 1839. En 1847, ils ont 3 enfants et habitent à Vesc dans le quartier de Chambonnet. (aujourd’hui Champbonnet)

2. Le 8 février 1847 à 17.00 heures Jean Antoine Granjon, accompagné du garde-champêtre Claude Morin déclarent la découverte d’un corps au Maire. Presqu’un jour s’est écoulé entre le moment où Granjon a trouvé le corps et sa déclaration à la Mairie. Nous ne connaissons pas la raison de ce délai.
Tout de suite après cette déclaration le maire “se transporte” à la cabane. On peut se demander si le maire a vraiment pu voir la situation car le soleil, ce jour-là, s’est couché à 17 heures 53 !

3. Pourquoi Jean Antoine Granjon attend-il jusqu’au lendemain soir pour aller faire sa déclaration devant le maire? Cela ne me semble pas très logique. Il trouve le corps à 18 heures, alors qu’à ce moment-là il fait presque nuit. Je peux comprendre qu’il hésite à aller voir le maire ce jour-là alors qu’il fait nuit. Mais il serait logique qu’il aille à la Mairie le lendemain matin. Cependant ce n’est pas ce que fait Granjon…

4. Nous croyons que peu de temps après le corps sans nom a été enseveli. L’exhumation a lieu deux semaines et demie plus tard requise par Jean et Victor Augier de Truinas.
Leur frère a tout à coup disparu et ils avaient appris qu’à Vesc on avait enterré une personne inconnue.
La question qui se présente est la suivante: Pourquoi Antoine Augier est-il allé là où on l’a trouvé mort? Dans l’acte du 8 février 1847 il est défini comme ” paraissant mandiant”. Granjon et Morin ne le connaissant pas, c’était donc ses vêtements ou peut être son aspect qui leur donnaient cette impression. Un mendiant à cette époque n’était pas capable de gagner sa vie en travaillant et chaque village avait ses mendiants qui étaient nourri par les autres habitants. En général un mendiant ne s’éloignait pas trop de son village… Peut-être Auguste Augier avait-il un handicap ou un problème mental. Il est dommage que dans la liste du “dénombrement” de 1836 et 1841 on n’indique pas les maladies, comme dans la liste de 1851.

Auguste Augier habitait à Truinas (Quartier de Tournillon). Il est étrange que son nom ne soit pas sur la liste du Dénombrement de la population de 1846 . On y trouve les noms de son frère Victor et de son voisin Claude Rousset, tous les deux habitent dans le quartier de Tournillon, dont nous venons de parler.
Dans la liste du Dénombrement de la population de 1841 on trouve dans la famille de Victor Augier une personne portant le nom d’Antoine. On n’indique pas la relation familiale avec le chef de famille ou le métier de la personne mais on y lit le mot “idiot” .

Antoine Augier était assez loin de sa maison et se trouvait comme on le sait au moment de sa mort à Vesc.
Peut-être avait-il l’habitude de vagabonder et cela serait la cause de
l’absence de son nom sur la liste du Dénombrement de la population de 1846.
Truinas - Vesc
La distance entre son domicile et le lieu de son décès est à vol d’oiseau 15 km.
L’hiver de 1846 à 1847 était très rigoureux. Antoine Augier a probablement cherché un abri contre le froid dans la cabane de Granjon et y est décédé. Il avait 34 ans.

Arbre généalogique partiel d’Antoine Augier (1812-1847)

arbre Antoine Augier

Charles Charles (suite)

Charles Charles (suite)

Dans notre livre “La sorcière dans la forêt de Saou et six autres récits”, vous avez pu lire l’histoire de Charles Charles, enfant abandonné dans une rue de Valence, qui se marie à Crupies avec Marie Pelloux. Il était connu qu’après la mort de Marie, il s’était remarié avec Louise Noyer. Mais ce qu’il s’est passé après pour Charles Charles nous était inconnu au moment de la parution du livre.
Nous avons trouvé un certain nombre d’éléments nouveaux que nous mettons à la disposition de nos lecteurs.
Parce que les “dénombrements” (recensements) sont parus en ligne nous savons maintenant qu’en 1836 Charles Charles et Marie Pelloux étaient tous les deux au service de David Plèche, qui était cultivateur au quartier de la Combe à Crupies. La fille de Marie Pelloux, qui s’appelait aussi Marie travaillait aussi chez le même patron. La famille a déménagé et nous la retrouvons à Soyans, où Marie Pelloux est décédée le 23 mars 1850.
Nous savons qu’au moment de son décès, la famille n’habita pas très longtemps à Soyans, parce que leurs noms ne figurent pas sur les listes des “dénombrements” des années 1841 et 1846.
Nous savons déjà que Charles Charles se remaria le 24 juillet 1852 à Crupies avec Louise Noyer. Ils déménagèrent à Crest où Louise décèda le 6 janvier 1866. La famille habitait 9 Rue Dupuy.
Nous avons trouvé que Charles Charles se remaria encore une fois, le 8 mars 1866 avec Sophie Jai de Rochebaudin. Elle était la veuve de Pierre Bouvat, décédé à Montclar le 08-03-1865. Mais le plus intéressant est qu’elle était la fille de Jacques Jai, décédé le 16-12-1842 à Soyans et d’une mère inconnue, comme dit l’acte de mariage. Mais en examinant l’acte de naissance de Sophie nous lisons autre chose. Le Maire était Jean Antoine Jean. Le déclarant était Jacques Jai, 50 ans, cultivateur, il déclara que “Hélène Faure sa servante restan che lui dans sa maison dhabitation cet acoucher dun enfant du sex feminin ne le dix neuf meme mois”
La mère de Sophie n’était donc pas si inconnue que cela ! Il était tout à l’honneur de Jacques Jai de reconnaitre Sophie !?!
Le 22 juillet 1874 Charles Charles décèda à Crest.
“né à Valance le 18-03-1807 de parents inconnus époux de Sophie Jai quartier Saint Jean”