Quand on a vu le film “L’homme au crane rasé” d’ André Delvaux, on sait comment se passe une exhumation et l’autopsie qui suit. Un estomac solide est indispensable! Qu’est-ce que cela à faire avec la généalogie vous demanderez-vous. Une bonne question mais dans l’ État Civil on trouve parfois des actes curieux…
Les actes ici dessous se trouvent parmi ceux de Vesc.
Etat Civil de Vesc Décès (1839-1889) page 82
No 3
Acte de décès d’un inconnu
L’an mil huit cent quarante sept et le huit février a cinq heures du soir, par devant nous Vincent Chastan maire, officier de l’état civil de la commune de Vesc, canton de Dieulefit, departement de la Drôme, ont comparu en la Marie, Granjon Jean Antoine cultivateur, domicilié à Vesc, âgé de quarante- deux ans et Claude Morin, gardechampêtre âgé de cinquante-cinq ans, aussi domicilié à Vesc, lesquels nous ont déclaré que le jour d’hier à six heures du soir, ils ont trouvé un inconnu, paraissant mandiant, âgé d’environ trente cinq ans, mort dans une cabanne appartenant audit Granjon. Nous officier de l’état civil après nous être transporté sur les lieus et avoir requis Monsieur le Juge de Paix, qui a dressé son procès verbal, assisté de qui de droit, nous avons dressé le présent acte en présence des déclarants, qui ont signé avec nous, après lecture faite.
signatures de Ant, Peysson, Claude Rousset, Morin. Granjon, Chastan (maire)
Dans la marge:
Reconnu pour être Mr Antoine Augier par les sieurs Antoine Peysson et Clde Rousset et autres témoins désigné au procès verbal inscrit plus bas.
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
No 5 Procès verbal d’exhumation d’Antoine Augier.
Etat Civil de Vesc Décès (1839-1889) page 82
L’an mil huit cent quarante sept le vingt-cinq février, à deux heures après midi, nous Vincent Chastan, Maire, officier de l’état-civil de la commune de Vesc, avons fait procéder à l’exhumation d’un inconnu inhumé le huit fevrier courant, dans le cimetière de la commune de Vesc. Cette exhumation a été requise par Jean et Victor Augier, cultivateurs domiciliés à Truinas, canton de Bourdeaux (Drôme) et Jean Louis Augier, cultivateur et domicilié à Dieulefit se disant les frères de l’inhumé. Les sieurs Rousset Claude, cultivateur, âgé de trente trois ans. voisin du décédé, Peysson Antoine aussi cultivateur, âgé de soixante ans tous les deux domiciliés à Truinas, Courbin Paul, cultivateur, domicilié à Félines, demeurant aussi près du décédé, Geneves(?) Simon, sans profession, domicilié à Dieulefit âgé de soixante huit ans, Magnet Antoine, maçon âgé de quarante sept ans, domicilié à Dieulefit, ont tous reconnu après l’exhumation faite dudit inconnu, pour nous lors de son inhumation pour être le nommé Antoine Augier, mandiant âgé de trente quatre ans, domicilié à Truinas, frère des requérants et ont signé avec nous Rousset, Courbin, Peysson, Magnet, non l’autre témoin et le requirant, pour ne le savoir, après lecture fait du présent procès verbal et de l’acte de décès.
Signatures de : Claude Rousset, Paul Courbi, Ant. Peysson, Magnet Antoin et Chastan (Maire)
Quelques remarques:
1. Le 7 février 1847 à 18.00 heures Jean Antoine Granjon trouve un corps dans sa cabane. Nous ignorons où se situe exactement cette cabane. Mais nous savons de manière presque sûre qui était ce Jean Antoine Granjon. Il s’agit de l’époux de Rosalie Gras. Le couple a été marié en 1839. En 1847, ils ont 3 enfants et habitent à Vesc dans le quartier de Chambonnet. (aujourd’hui Champbonnet)
2. Le 8 février 1847 à 17.00 heures Jean Antoine Granjon, accompagné du garde-champêtre Claude Morin déclarent la découverte d’un corps au Maire. Presqu’un jour s’est écoulé entre le moment où Granjon a trouvé le corps et sa déclaration à la Mairie. Nous ne connaissons pas la raison de ce délai.
Tout de suite après cette déclaration le maire “se transporte” à la cabane. On peut se demander si le maire a vraiment pu voir la situation car le soleil, ce jour-là, s’est couché à 17 heures 53 !
3. Pourquoi Jean Antoine Granjon attend-il jusqu’au lendemain soir pour aller faire sa déclaration devant le maire? Cela ne me semble pas très logique. Il trouve le corps à 18 heures, alors qu’à ce moment-là il fait presque nuit. Je peux comprendre qu’il hésite à aller voir le maire ce jour-là alors qu’il fait nuit. Mais il serait logique qu’il aille à la Mairie le lendemain matin. Cependant ce n’est pas ce que fait Granjon…
4. Nous croyons que peu de temps après le corps sans nom a été enseveli. L’exhumation a lieu deux semaines et demie plus tard requise par Jean et Victor Augier de Truinas.
Leur frère a tout à coup disparu et ils avaient appris qu’à Vesc on avait enterré une personne inconnue.
La question qui se présente est la suivante: Pourquoi Antoine Augier est-il allé là où on l’a trouvé mort? Dans l’acte du 8 février 1847 il est défini comme ” paraissant mandiant”. Granjon et Morin ne le connaissant pas, c’était donc ses vêtements ou peut être son aspect qui leur donnaient cette impression. Un mendiant à cette époque n’était pas capable de gagner sa vie en travaillant et chaque village avait ses mendiants qui étaient nourri par les autres habitants. En général un mendiant ne s’éloignait pas trop de son village… Peut-être Auguste Augier avait-il un handicap ou un problème mental. Il est dommage que dans la liste du “dénombrement” de 1836 et 1841 on n’indique pas les maladies, comme dans la liste de 1851.
Auguste Augier habitait à Truinas (Quartier de Tournillon). Il est étrange que son nom ne soit pas sur la liste du Dénombrement de la population de 1846 . On y trouve les noms de son frère Victor et de son voisin Claude Rousset, tous les deux habitent dans le quartier de Tournillon, dont nous venons de parler.
Dans la liste du Dénombrement de la population de 1841 on trouve dans la famille de Victor Augier une personne portant le nom d’Antoine. On n’indique pas la relation familiale avec le chef de famille ou le métier de la personne mais on y lit le mot “idiot” .
Antoine Augier était assez loin de sa maison et se trouvait comme on le sait au moment de sa mort à Vesc.
Peut-être avait-il l’habitude de vagabonder et cela serait la cause de
l’absence de son nom sur la liste du Dénombrement de la population de 1846.
La distance entre son domicile et le lieu de son décès est à vol d’oiseau 15 km.
L’hiver de 1846 à 1847 était très rigoureux. Antoine Augier a probablement cherché un abri contre le froid dans la cabane de Granjon et y est décédé. Il avait 34 ans.
Arbre généalogique partiel d’Antoine Augier (1812-1847)